DpA – CR AG du 16 septembre
Quel bilan tirer de notre participation au sein du Croaif comme élus de dpA ? c’était la question posée le 16 septembre dernier lors de notre AG annuelle à la Maison de l’Architecture, à laquelle assistaient 35 architectes et au cours de laquelle un nouveau bureau a été élu.
Il y a un an nous nous sommes faits élire sur une profession de foi dont l’axe était la défense du caractère réglementé de notre profession, exprimé par l’exigence de l’abrogation des PPP, ou de celle du seuil des 170 m2. C’est parce que l’Ordre à qui il revenait de prendre en charge cette défense, avait lâché prise sur ces points comme sur la défense du barème et bien d’autres, que nous nous sommes présentés aux élections à l’Ordre, conscients de l’importance de la fonction sociale de notre profession. Avons-nous obtenu quelque chose ?
La campagne lancée sur le seuil des 170 m2 a été un succès avec 2500 signatures, même si nous devons déplorer la dérobade de la direction du Croaif, ou du Cnoa lors de nos discussions avec eux sauf à considérer la suppression du permis de construire pour les constructions inférieures à 40 m2 comme une victoire. Conforté par une telle attitude de nos instances ordinales, notre ministère de tutelle nous a fait traîner, jusqu’au 16 septembre où nous apprenions que nous serions reçus le jeudi 6 octobre par l’adjointe du directeur de l’Architecture à défaut de ce dernier et de celui du Patrimoine comme cela avait été convenu avec le précédent Directeur de Cabinet du Ministre.
A l’intérieur du croaif nous avons découvert la mission régalienne de la gestion du tableau consistant essentiellement à lister les architectes en défaut d’assurance, à poursuivre ceux coupables de signatures de complaisance…
Nous nous sommes d’abord interrogés : devrions-nous voter pour, contre ou nous abstenir ? Notre hésitation nous a été vivement reprochée : « seriez vous pour les signatures de complaisance ? » nous a-t- on demandé. Que cela soit l’occasion de nous expliquer.
Partisans de la défense de la profession réglementée, nous en reconnaissons les règles déontologiques et ne contestons pas à l’Ordre des Architectes le devoir de les faire respecter, pour autant que l’Ordre s’en tienne à son rôle, celui de la défense intransigeante de la profession réglementée. Mais qui peut prétendre que ce soit le cas ?
L’Ordre a renoncé à toutes ses prérogatives qui étaient originellement les siennes. Il a renoncé au barème, à l’abrogation des PPP, à celle du seuil des 170 m2 et il ose prétendre faire respecter les règles.
La gestion du tableau se résume à l’élimination des confrères réduits aux expédients auxquels le naufrage de la profession les pousse de plus en plus nombreux. Il faut assister aux commissions de conciliation où les confrères viennent exposer leurs difficultés pour mesurer l’ampleur des dégâts causés par l’absence de barème, la concurrence sauvage, le développement des PPP, etc… et aux réunions officielles du conseil pour constater que ceux qui votent avec zèle plaintes et sanctions sont les mêmes qui défendent l’humanisation des PPP pour mieux les accompagner, crient au dumping contre leurs confrères après avoir laissé s’installer insidieusement la lutte fratricide sur les honoraires que l’on connaît.
Et c’est à ceux-là qui de renoncement en renoncement finissent par tout accepter, que l’on devrait décerner un brevet de respect de la déontologie au nom de laquelle on laisse tranquillement s’aggraver une déréglementation qui nuit à notre profession comme à l’intérêt public de l’architecture ? Qu’on ne compte pas sur nous pour prendre part à de tels arrangements avec les principes, qu’on ne compte pas sur nous pour nous faire complices de ceux qui ont renoncé à défendre la profession, en les assistant, en singeant les procédures destinées à faire respecter les règles.
Qu’ils commencent à prendre position pour l’abrogation des PPP, pour la suppression du seuil des 170 m2, pour le rétablissement du barème, et tout s’ordonne autrement. On pourra alors parler de gestion du tableau, quand aujourd’hui il s’agit d’une épuration qui ne dit pas son nom.
« Pourquoi ne démissionnez-vous pas ? » nous a-t-on rétorqué. Parce que nous ne sommes pas seuls : n’est-ce pas une adhérente du début de Mouvement qui à l’AG du 16 septembre nous a dit : « vous pouvez être fiers de votre bilan ».