communiqué DpA – 19 mai 2011
Plus de deux mille deux cent signatures sur une pétition réclamant l’abrogation du seuil de 170 m2. Quoiqu’en disent certains, c’est l’expression d’une mobilisation qui cherche les moyens de se structurer, pour gagner sur une revendication qui fait de plus en plus l’objet d’un consensus au sein de la profession.
En témoignent :
- les messages d’encouragements
- les signatures d’élus qui s’affichent malgré les consignes du président du Cnoa
- Les initiatives multiples comme celle de cette association d’architectes qui s’adresse à l’ensemble de son fichier et prépare une réunion étudiants-architectes à la rentrée
- les contacts qui commencent à se nouer sur le sujet entre Croa à différents niveaux
- les prises de position de responsables d’écoles d’architecture
- celles d’anciens élus qui écrivent à des parlementaires ou d’anciens ministres
- le rapport officiel de deux parlementaires volontairement laissé de côté par les pouvoirs publics
N’est-ce pas ce qui a provoqué la vivacité des réactions des partisans du maintien du « seuil des 170 m2 » qui cherchent à rabaisser cette action à des motivations étroitement corporatistes, qu’il s’agisse d’articles dans la presse, de la réunion de l’Unsfa prévue le 7 juin prochain sur le sujet, de la précipitation du secrétaire d’état au logement à rassurer ses mandants, ou de la montée au créneau unanime de certains sénateurs qui ont trouvé une oreille attentive auprès de notre ministre de tutelle ?
C’est dans ce foisonnement que DpA a été reçue par le Cnoa le 28 avril dernier après avoir demandé audience au ministère. L’objectif de DpA : convaincre l’Ordre des architectes, l’instance qui représente la profession auprès des pouvoirs publics, de prendre la tête de la délégation pour aller porter les 2 200 signatures au ministère.
C’est avec stupéfaction que, même ceux qui avaient le moins d’illusions dans l’accueil qui serait fait à notre initiative, ont entendu les représentants d’un Ordre représentant d’une profession en voie de disparition nous appeler à un « réalisme » qui est en train de détruire ce qui reste de cette profession :
Nous ne devons pas être corporatistes…-nous ont-ils dit- vous ne voulez tout de même pas voir la France se couvrir de pavillons…rien n’empêche de faire appel aujourd’hui à un architecte en dessous des 170 m2… il faut donc susciter le désir d’architecture, de faire appel à un architecte… sur le recours obligatoire nous ne serions pas suivis par le public, par les politiques… Il ne faut pas demander quelque chose qu’on ne peut pas obtenir…il ne faut pas être naïf, il y a les lobbies, on ne va pas descendre dans la rue avec des pancartes pour manifester… les 170 m2 c’est un marronnier qui revient tous les 3 ou 4 ans, il y a déjà eu des pétitions, cela ne sert à rien… il faut promouvoir l’architecture, sensibiliser le public… Le barème c’est interdit par l’union européenne, il n’existe plus qu’en Allemagne et pas pour longtemps… Il ne faut pas parler de barème… il faut trouver d’autres biais, d’autres termes, même la définition d’un référentiel auquel les architectes n’ont pas répondu, n’est pas adapté. Ici entre nous, évidemment je suis pour la suppression du seuil… mais on ne peut pas le dire, il ne faut pas le dire…il faut faire des propositions acceptables, il faut poursuivre le débat qui a commencé par l’article de Th Van de Wyngaert dans les cahiers… poursuivre les réflexions et après nous pourrons nous positionner, mais il ne faut surtout pas que cela nous ramène à la question du seuil.
Des propos qui rappellent, mot pour mot, ceux qui avaient déjà été tenus par le président du Croaif dans une interview au Moniteur.
Comment les représentants de l’ordre peuvent-ils penser convaincre des architectes, dont les agences sont menacées de disparition de faire preuve de « réalisme » et de se soumettre aux directives de l’Union européenne qui s’est ouvertement prononcée pour la disparition des « professions réglementées » ? Comme s’ils ne savaient pas que ces directives successives n’avaient qu’un seul but, ouvrir un champ totalement libéré aux intérêts financiers et aux grands groupes qui ont multiplié ces dernières années leurs lotissements au mépris de toute qualité architecturale ? L’extrême lenteur que met le Ministère, ne serait-ce que pour accuser réception de notre demande d’audience n’est-elle pas à mettre en relation avec la teneur des propos tenus par Lionel Carli et Régis Rioton durant le rendez-vous ?
Les architectes, les étudiants qui s’adressent à DpA, mais qui s’expriment aussi sur le forum de l’ordre, nous demandent de ne pas renoncer, de ne nous laisser rebuter, ni par le silence du ministère, ni par le refus du Cnoa de nous accompagner et répondre à une exigence qui prend corps aujourd’hui dans la profession. Nous décidons de poursuivre la collecte des signatures de confrères. Que cela soit avant l’été où bien à la rentrée, nous irons au Ministère. Nous décidons pour préparer cette délégation de confectionner un livre blanc où nous rendrons compte de tous les témoignages qui seront apportés par les confrères qui participeront aux réunions que nous nous proposerons d’organiser en province, dans les écoles, afin de réduire à néant l’accusation infondée dont nous sommes l’objet de défendre des intérêts égoïstes et de réaffirmer l’existence de notre profession d’architecte, comme garant de l’intérêt public.
Je pense qu’il faut aussi médiatiser toutes nos actions car sans présence massive dans les médias, on n’existe pas !