Comme suite à la demande d’Olivier Celnick, architecte, qui vient de nous adresser un long mail en réponse à la déclaration de DpA au lendemain du deuxième tour des élections « 5 élus sur 12, pour quoi faire »,[ici] et bien que ne partageant pas son point de vue sur nombre de questions qui y sont développées, DpA reste trop attachée à la liberté de discussion pour ne pas répondre favorablement à cette demande.Nous aurons l’occasion de revenir sur ces questions qui sont d’une grande importance pour tous les architectes.
Le bureau de DpA
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Message de Olivier Celnik, Z.STUDIO – 24 octobre 2010
Chers confrères,
Je m’estime personnellement insulté et diffamé par votre message, au moins en deux points sur lesquels vous dénigrez un engagement et des actions que je mène, avec d’autres, au service de la profession.
Vos propos relèvent au mieux d’une ignorance de la situation réelle, qu’il convient de corriger par les informations que je vous donne ici, tout en espérant qu’il ne s’agisse pas de votre part d’une tentative consciente de désinformation.
Je vous demande donc de bien vouloir diffuser ce droit de réponse auprès des destinataires de votre message du 22 octobre, et auprès de vos élus et adhérents.
Vous ne craignez pas d’écrire :
« De même la création d’ateliers est utile dès lors qu’ils ne sont pas animés par des officines privées qui viennent « faire leurs courses » à la Maison de l’Architecture mais qu’ « ils sont réellement des outils de formation continue, ouverts à tous, animés par des gens indépendants, avec une diversité des approches, et à des coûts abordables si ce n’est entièrement gratuits » comme l’explique justement la consœur citée plus haut. »
J’ai contribué, avec d’autres, à inventer, organiser, animer les Ateliers pratiques depuis maintenant 7 ans. Chacun des 3 ou 4 Atelier mensuel reçoit une cinquantaine de confrères à chaque séance. Je vous laisse faire le calcul du nombre de visiteurs qui ne pensent pas avoir à faire à des marchands de soupe, mais qui au contraire viennent chercher, et reçoivent, une information pertinente, gratuite, donnée par des professionnels légitimes et objectifs.
Certes, ces Ateliers sont tous animés par des professionnels actifs, exerçant généralement une activité de conseil auprès des architectes. Ceci n’est pas une faute originelle discréditant leurs prestations, mais au contraire une garantie d’avoir à faire à des spécialistes ayant une large expérience et donc un recul réel sur la profession, et reconnus par leurs nombreux clients.
En ce qui me concerne, j’ai animé pendant 5 ans les Ateliers Numériques en tant que responsable d’une société d’infographie pour l’architecture. Œuvrant depuis 1985 dans ce domaine alors émergent, j’estime avoir quelque légitimité sur le sujet. J’ai toujours exercé afin d’aider la profession à s’adapter aux outils et méthodes du XXIème siècle, et non afin de capter un soi-disant marché commercial.
Afin de ne pas risquer d’entendre des critiques ineptes telles que celles rappelées ici, j’ai de ma propre initiative, et en plein accord avec les responsables de l’Ordre, jugé que ces Ateliers ne seraient crédibles que s’ils donnaient à entendre une pluralité de voix et d’options techniques. J’ai donc fait appel à mes propres concurrents sur le marché pour m’entourer, afin de ne pas donner une parole unique chargée d’intentions commerciales condamnables. De même, j’ai systématiquement invité les éditeurs concurrents de celui dont je distribuais les logiciels, au courroux de ce dernier qui trouvait que je donnais d’avantage de visibilité aux autres qu’à lui même.
Ayant cessé cette activité commerciale d’infographie, j’anime désormais depuis 2 ans les Ateliers Numériques au nom de mon agence d’architecture, en parfait respect de notre déontologie. La meilleure preuve que les Ateliers ne sont pas « animés par des officines privées … qui y font leurs courses », c’est que les organisateurs continuent à donner leur temps et leur énergie à la profession, même quand ils n’ont plus rien à lui vendre !!!
Ma façon à moi d’aider les confrères à faire leurs courses, quand ils ont besoin d’outils et de conseils, c’est de leur proposer un panel aussi large que possible d’intervenants. Chacun présente ses solutions, d’une façon saine, avec émulation, respect et sans langue de bois, ce qui est rarement rencontrée ailleurs.
Je sais que les organisateurs des autres Ateliers, qui offrent eux aussi leur temps, leur énergie, leur expertise, à la profession, partagent mon indignation devant vos propos caricaturaux.
Je ne souviens pas avoir croisé les représentants de votre liste lors des Ateliers, ou des réunions d’échange ou d’information à la Maison de l’architecture.
Il est alors peut-être utile de vous apprendre que ces Ateliers sont, depuis leur origine, entièrement gratuits pour le public (auquel est également offert café ou verre amical), et organisés sans aucun apport financier direct de l’Ordre vers les intervenants.
Ces Ateliers, qui sont des séances de sensibilisation sur les sujets traités, ont été prolongés depuis un an par des stages de formation professionnelle, proposés dans le cadre du Pôle de formation EVA. Leurs contenus ont été déterminés en réponses directes aux attentes exprimées par les architectes, et leurs prix, parmi les plus bas du marché, ont été fixés au plus près des montants remboursés par les organismes collecteurs de cotisations.
Vous écrivez aussi :
« En huit ans, on aura assisté à la suppression d’un diplôme professionnalisant, au profit d’un numerus clausus en fin d’études grâce à la HMO. DpA s’opposera à la création d’un corps d’architectes spécialisés dans les jurys HMO et tenus à une discipline comme cela a été évoqué à plusieurs reprises. »
Ceci dénote une méconnaissance totale du sujet, et une évidente volonté de désinformation à des fins de propagande électoraliste.
J’ai contribué à la mise en place de la HMONP à l’école Paris Val-de-Seine, et j’en suis le responsable pédagogique depuis l’origine. J’ai également participé à de nombreuses réunions d’échanges entre école franciliennes (organisées à l’excellente initiative du CROIAF, grâce à qui les écoles se sont enfin rencontrées et parlées), et je suis régulièrement membre de jurys HMO dans diverses écoles, à Paris et en province.
Je ne reviens pas sur le fond de la HMO, dont je vois pour ma part tous les jours les bienfaits, tant chez les étudiants que chez leurs employeurs (je me tiens à votre disposition pour toute discussion sur ce sujet sensible, et vous fournir quantité de témoignages enthousiastes).
Il est faux, et mensonger, de parler d’un numérus clausus en fin d’études. Certes, il y a parfois des problèmes pratiques d’organisation, et des politiques propres à chaque école. Mais aujourd’hui, chaque jeune Architecte Diplômé d’Etat qui veut suivre l’habilitation trouve le moyen de s’inscrire dans l’une ou l’autre école. A Val-de-Seine, nous avons en cette rentrée une augmentation de 60% du nombre d’étudiants, dont 30% en provenance d’autres écoles. Ils ont tous un contrat de travail pour leur Mise en Situation Professionnelle, sur des bases dignes d’un jeune professionnel en début de carrière. L’école s’est donné les moyens d’accueillir ce surplus d’inscription, sans refuser personne, tout en maintenant l’organisation et la qualité de nos enseignements, qui nous valent une certaine réputation.
Je ne vois pas d’où vous inventez un « corps des architectes spécialisés dans les jurys HMO », ceci est une insulte grave envers les écoles, qui ont en charge l’organisation des enseignements et des jurys, sans aucune influence extérieure, ni arrière pensée malthusienne ou corporatiste. Bien au contraire, au fil des ans, les écoles améliorent leurs dispositifs, au service des étudiants, et en phase avec la profession. Les jurys sont composés, conformément aux textes, de praticiens, d’enseignants (dont un d’une autre école), et d’un représentant de l’Ordre (nécessaire, et suffisant). Ces 5 jurés sont souverains, et les débats entre eux sont menés dans l’intérêt de l’étudiant (pour empêcher certains d’aller de façon certaine dans le mur), et de la profession.
Vous colportez ainsi des ragots semblables à ceux entendus parfois « au secours, l’Ordre a la volonté de mettre la main sur l’enseignement HMO en lieu et place des écoles ». Il ‘en est rien, l’Ordre n’a jamais exprimé cette volonté, et les écoles ne se seraient pas laissées déposséder de leur mission, si tel avait été le cas. L’Ordre, comme d’autres organisations liées à la profession, intervient 2 heures sur les 150 heures d’enseignement HMO. Comme pour les jury, c’est nécessaire et suffisant, et sauf comportement individuel régulé par l’Ordre lui-même, ce cadre n’est pas dépassé.
Le HMO a aussi comme mérite qu’enfin les écoles, les agences, les organisations… se rencontrent et se parlent de façon constructive, au lieu de se rejeter et se mépriser comme ce fut longtemps le cas.
J’espère que certains d’entre vous auront l’occasion de fréquenter des jurys HMO, et l’honnêteté de reconnaitre ensuite, comme la plupart de ceux que j’ai rencontrés sceptiques ou même opposés à leur arrivée le matin, « finalement, c’est mieux qu’avant, ces jeunes que nous avons vus sont mieux formés et mieux armés pour faire face aux exigences et responsabilités de notre métier ».
En conclusion, et bien que lié à l’équipe en place, je considère l’arrivée de membres de DpA à l’Ordre comme un signe de démocratie, qui obligera les uns à ne pas s’endormir sur leurs lauriers et à mieux communiquer (sur ce point vous avez fait fort), et les autres à ne pas rester dans une position stérile d’opposants systématiques s’appuyant sur des slogans un peu rassis du genre « c’était mieux avant ».
Vous aurez aussi l’occasion de voir que seuls ceux qui prennent le risque de faire s’exposent au risque des critiques, et nous verrons pour notre part ce que vous êtes capables de faire.
Salutations confraternelles,
Olivier CELNIK
Architecte, dirigeant-associé de Z.STUDIO, entreprise d’architecture
Ancien dirigeant de M.STUDIO, officine privée d’infographie pour l’architecture
Enseignant à l’École Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val-de-Seine, responsable pédagogique des stages et HMONP
Membre de Mouvement