30% des agences d’architecture en redressement judiciaire ou devant théoriquement en relever, informe le président de l’Unsfa dans le Moniteur du 12 février 2010.
En cause, le dumping suicidaire auquel se livreraient de nombreux architectes.
En cause, certains maîtres d’ouvrages institutionnels qui profiteraient de cette situation pour accepter des rabais d’honoraires allant jusqu’à 50%.
Est-ce aussi simple ?
Depuis longtemps DpA dénonce une situation qui s’aggrave dangereusement dans un contexte de crise économique.
Depuis longtemps DpA dénonce une situation dans laquelle la suppression progressive de toute notion de barème avait déjà provoqué une baisse généralisée des honoraires, baisse aujourd’hui accentuée par celle des montants de travaux servant d’assiette au calcul des rémunérations de maîtrise d’œuvre.
C’est cette absence de barème qui contraint des confrères aux abois à pratiquer malgré eux un dumping suicidaire.
C’est cette absence de barème qui autorise des maîtres d’ouvrages publics confrontés à des réductions de budget drastiques, à chercher des économies sur le dos des architectes.
C’est la réduction générale de la commande publique qui pousse 30% des agences à la faillite.
Quelle parade ?
Sortir de la rémunération au pourcentage, propose l’Ordre qui « élabore un référentiel horaire pour les différentes missions de l’architecte ».
Pourquoi pas ? Ce que veulent les architectes, c’est être payés de leur travail, quand ils en ont, peu importe le mode de calcul. N’en déplaise au Président de la CICF constructions, ce n’est pas par paresse que la profession pratique le calcul des honoraires au pourcentage. Quel architecte ayant essayé de présenter un mémoire d’heures ne s’est pas heurté à une indifférence générale, quand on ne lui a pas opposé la notion de forfait global de rémunération, précisément calculé au pourcentage.
Aussi tout architecte appréciera que l’Ordre mette tout son poids à faire respecter une disposition qui cependant ne prend tout son sens qu’à partir du moment où elle est accompagnée d’un taux horaire conventionnel, faute de quoi les dérives sont à craindre.
En effet, s’il ne s’agit que «d’aider les maîtres d’ouvrage qui ne disposent plus de barème d’honoraires et les architectes qui ne pratiquent pas la rémunération sur coûts horaires, à se repérer pour une rémunération juste », on peut se demander, qu’est-ce qui sera juste ?
Lorsque le Président de l’Unsfa demande aux architectes de « retrouver une culture d’entreprise » de « s’adapter à un marché en évolution : diversifier leur activité, diversifier et additionner les compétences pour mieux répondre aux attentes sociétales, réorganiser leurs structures professionnelles. », cela signifie-t-il que la « justesse » de la rémunération dépendra de la taille de la structure et de l’addition des compétences qu’elle est susceptible de présenter. Un tel phénomène de ciseaux ne creuserait-il pas inexorablement les inégalités entre architectes ?
S’agit-il « d’expliquer à la maîtrise d’ouvrage le coût des nouvelles études telles que les simulations thermiques dynamiques ou le calcul de l’énergie grise générée par la construction » ( président du Cicf constructions) ou de pratiquer un barème qui s’impose à tous. « S’il s’agit de déterminer un délai de référence pour telle ou telle mission » assorti d’un taux horaire, l’Ordre peut être assuré d’un soutien indéfectible de la profession.
Sinon, des demi-mesures ne feraient que renforcer le sentiment d’une opération d’assainissement de la profession qui commence par en exclure 30%.
A l’heure où 30% des agences sont au bord de la faillite, ne serait-ce pas un formidable appel d’air pour, en imposant un barème d’honoraires, aller exiger la relance de la commande publique ?
le bureau de DpA