Tout le monde le ressent, la profession vit des heures graves.
Les rumeurs de fermetures d’agences, de licenciements, sans qu’il soit possible d’en vérifier toute l’étendue, développent un climat où chacun se demande qui a encore du travail, et pour combien de temps.
Le jeune diplômé à la recherche d’un emploi salarié pour obtenir son HMO ne comprend pas qu’on le détourne délibérément de ce pourquoi il est rentré dans une école d’architecture.
Que fait l’Ordre ?
A la veille d’un débat convenu à l’Assemblée Générale convoquée par le CROAIF sur son bilan d’actions passées et à venir, sur la crise et ses conséquences pour les architectes autour d’un plateau intelligent, chacun de nous a reçu un document d’alerte pour la relance du logement où le CROAIF propose comme solutions :
- d’une part de demander au gouvernement d’aller plus loin dans les mesures de déréglementation de l’urbanisme, prévues dans la loi Boutin.
- et d’autre part de se tourner vers le privé pour « pallier au désengagement financier de l’Etat » et à l’extinction de la commande publique.
Est-ce à l’Ordre des Architectes de formuler de telles demandes et de reprendre ainsi le discours des promoteurs et des spéculateurs immobiliers ?
Est-ce là, la seule ambition proposée aux Architectes que de s’adapter à une « décroissance » jugée incontournable ? Cette perspective désastreuse n’explique-t-elle pas aussi les actions menées par l’Ordre dans la réorganisation de la profession :
- pôle de formation obligatoire consistant en un suivi docile des « réformes » du gouvernement.
- dévalorisation du titre d’architecte dans un « corpus de valeurs culturelles » où seule une élite aurait le droit de construire ?
- remise en question permanente des compétences des confrères par l’Ordre qui s’arrogerait le droit de juger qui est autorisé à construire et qui ne l’est pas.
Face à la crise, nous sommes tous devant une alternative :
- accepter de voir la profession disparaitre, et l’Ordre œuvrer dans ce sens.
- ou résister et rassembler la profession pour être l’acteur principal dans le défi à relever d’une reconstruction d’ampleur pour loger et servir la population.
Pour notre part, nous n’avons pas d’hésitation, la situation exige de se rassembler et de se tourner clairement vers les pouvoirs publics pour exiger que le moteur de notre profession soit remis en route sans attendre, par un grand plan de construction public, intégrant la prise en compte des besoins de logements
L’Ordre lui-même évalue à un million ces besoins en logements.
C’est le chiffre du programme développé il y a quelques années en Hollande avec les innovations architecturales qu’on connaît.
N’est-ce pas le rôle d’un Ordre de réclamer la mise en œuvre d’un tel plan pour répondre aux besoins les plus urgents ? Pour surmonter la crise ?
Les architectes veulent vivre de leur travail, pouvoir payer leurs salariés, bénéficier de crédits à bon marché et ainsi pouvoir se consacrer à l’une de leurs missions traditionnelle et impérieuse : celle du logement social.
Bureau DpA – 16 décembre 2008