Le bureau de DpA – Paris, le 22 décembre 2010
Cher Président,
La presse se fait l’écho d’un sondage commandé par le Cnoa dont les résultats seraient extrêmement alarmants pour notre profession, sans qu’on en connaisse d’ailleurs exactement les chiffres :
- La disparition des petites agences s’accélèrerait depuis dix mois
- Les revenus baissent ainsi que les chiffres d’affaires moyen par agence, l’embellie apparente de celui-ci n’étant due qu’à la diminution du nombre d’agences
- La chute des commandes tant publiques que privées s’est fortement accentuée, tandis que ce qu’il en reste est de plus en plus confisqué aux architectes au profit de contrats de partenariat (PPP et CPE).
Dans cette situation, qui appelle les mesures d’urgences que l’Ordre devrait réclamer des pouvoirs publics, c’est avec un certain étonnement que nous lisons et entendons dire ici et là :
- qu’il faut s’atteler à la question de la structuration des agences, passer de l’agence d’architecture à l’entreprise d’architecture,
- que «l’architecte ne doit plus être seul», au risque d’être incompétent,
- que son salut réside dans la «mise en réseaux»,
- ce qui lui permettra de développer la recherche, «ce qui n’est pas possible lorsqu’on travaille seul»,
- à condition de payer une formation qui reste obligatoire,
- de pratiquer «une architecture responsable»,
- en étant inscrit dans un tableau de plus en plus fragmenté en autant de cases que de nouveaux métiers de l’architecture, ce qui doit permettre de distinguer les architectes qui ont le droit de construire de ceux de plus en plus nombreux qui n’auront plus ce droit, mais en lot de consolation celui de porter le titre d’architecte complètement dévalorisé.
Que croit-on ? A supposer qu’un architecte ne puisse travailler seul, ce qui reste à démontrer tant l’architecture se pratique à toutes les échelles de projet, croit-on vraiment que pour la plupart il s’agisse d’un choix délibéré ? Les 60% d’architectes exerçant individuellement n’y sont-ils pas contraints par le manque de commandes ? N’en est-il pas de même pour les 35% de petites agences ? Est-il responsable de parler de «réseau» sans évoquer au préalable le problème de la commande, au premier chef de la commande publique ? N’imagine-t-on pas qu’un plan d’urgence initié par les pouvoirs publics encouragerait immédiatement les architectes à s’organiser en «réseau» pour faire face aux enjeux de société comme le logement, en particulier le logement social ? Dans cette optique l’Ordre ne doit-il pas se faire le porte parole de la réactivation de la commande publique ? Par ailleurs, une mesure comme l’annulation du seuil des 170m² ne libérerait-elle pas immédiatement tout un pan de la commande, ainsi que cela se pratique en Belgique ou en Allemagne ?
Sinon, une autre logique, déjà insidieusement à l’œuvre va l’emporter : celle qui consiste à traquer tout architecte en défaut d’assurance au nom de la «défense du public», quand c’est lui-même que cet architecte met en danger ; la défense de l’architecture déclarée d’intérêt public étant amalgamée avec une notion étrangère à l’exercice de l’architecture.
Une logique qui consiste à réactualiser les contrats de maîtrise d’œuvre en fonction des PPP et des CPE, à tenir une comptabilité des heures de formation obligatoire et payante, à mettre les uns et les autres dans des cases jusqu’à ce que la colonne architectes «habilités à exercer la maîtrise d’œuvre en son nom propre» n’en contienne pas plus que le «marché» ne peut en recevoir.
Oui ou non, la question du seuil des 170m² se pose-t-elle, celle d’un plan d’urgence de logements sociaux est-elle d’actualité ? C’est dans ce sens que les élus de DpA ont fait la proposition au Croaif de se faire le porte-parole de cette exigence notamment auprès du nouveau Président du Cnoa.