Les membres du bureau du collectif DPA souhaitent confirmer leur opposition forte à l’obligation qui pourrait être imposée aux architectes de suivre une formation « continue » pour pouvoir exercer. DPA souhaite rappeler que cette menace, que faisaient craindre les écrits du conseil national de l’Ordre (CNOA) il y a quelques années, semblait écartée compte tenu de l’opposition des architectes, des associations et des élus de différents CROA.
En Juillet 2012, les représentants de l’UNSFA, ont rencontré la nouvelle ministre de la Culture, madame Filippetti, et ont lui ont fait part de leurs inquiétudes sur la situation actuelle et les attentes de la profession. Lors de cette rencontre et probablement pour donner des « gages de responsabilité », que notre profession protégée érige comme un étendard en reconnaissance à la loi française (loi qui protège le titre et qui décrète l’architecture d’utilité publique). L’UNSFA a donc témoigné son souhait de voir imposée, à l’ensemble des architectes, une obligation de formation professionnelle « continue ».
Cette demande a été débattue lors de la conférence des régions organisée dernièrement par le CNOA, et certains élus ont fait part de leur détermination à imposer aux architectes, la formation professionnelle obligatoire pour pouvoir exercer.
Dans la presse notre ministre de tutelle semble sensible aux arguments qui lui ont été exposés par l’UNSFA et devrait faire part de ses conclusions après consultations et réflexion.
Nous, bureau de Dpa, tenons à rappeler que nous sommes favorables à la formation des architectes, mais à une formation souhaitée par chacun d’entre nous qui désire approfondir ses connaissances dans un domaine de son choix. Nous demandons que la formation soit facilitée et rendue plus accessible au niveau des coûts, mais aussi au niveau de l’organisation, notamment des horaires, des périodes… Actuellement, la formation professionnelle semble plutôt facilitée pour les salariés des agences par le biais de subventions intéressantes (OPCAPL), cela n’est pas le cas pour les architectes non salariés. Les coûts de la formation restent prohibitifs, malgré les efforts de certains organismes (comme par exemple le pôle EVA ou l’Arhva…) Les horaires et l’organisation de ces formations les rendent improbables pour une profession dont le temps de travail hebdomadaire varie entre 50 et 60 heures.
Nous regrettons que la formation professionnelle devienne trop souvent l’apanage de sociétés à but essentiellement lucratif. Il a été constaté le manque de charisme des pédagogues dans certaines formations et des contenus pédagogiques qui ne correspondent pas toujours aux attentes des architectes. L’architecte doit se former pour mieux comprendre les processus et pouvoir échanger avec les différents partenaires du cadre bâti. L’architecte ne peut pas tout faire et la formation n’a pas pour but nécessairement de lui permettre de se passer des autres intervenants de la maîtrise d’œuvre. Il serait utile que l’Ordre des architectes ait un droit de regard sur les sociétés formatrices et puisse délivrer une sorte de quitus sur les formations elles mêmes.
Loin de se désintéresser de leur formation les architectes y sont attachés dans la mesure où ils ont le libre choix de celle-ci.
Chacun sait que la meilleure formation passe par la réponse à des questions auxquelles l’architecte est confronté concrètement dans sa pratique. Or
- la diminution du nombre de projets,
- le manque d’ambition de ceux-ci,
- le recours à l’application de protocoles au détriment du diagnostic qu’on attendait jusqu’à présent de l’ « homme de l’art ».
ont tendance à conduire à une déqualification progressive de la maîtrise d’œuvre que des officines de formation montées à la va-vite dans le souci de faire de l’argent dans un nouveau créneau ont la prétention de résorber.
Non seulement la formation payante dispensée par ces officines ne répond pas aux attentes de la profession, mais de plus en plus elles apparaissent pour ce qu’elles seront dès lors qu’on aura laissé le caractère obligatoire de la formation s’instaurer : le passage obligé pour délivrer l’attestation de présence, sésame sans lequel il ne sera plus possible de continuer à pratiquer.
Cette nouvelle mesure de sélection tout au long de l’exercice professionnel s’ajoutera à d’autres comme la HMONP délivrée, elle, à la sortie des études dans l’unique but, non de former ou d’apporter un savoir mais de réguler ( à l’instar d’un numerus clausus) les effectifs d’architectes par régions en fonction des besoins non pas de la population, mais de ceux du « marché ».
Rendre la formation obligatoire, c’est mettre en place le contrôle des attestations de stage de formation, tâche à laquelle les pouvoirs publics ne sont pas candidats et qu’ils aimeraient bien sous-traiter. L’Ordre national des Architectes loin de décliner une telle responsabilité a multiplié les offres de service « pour faire le boulot », comme ils s’étaient déjà engagés à le faire avec zèle pour la HMO. Le Conseil Régional d’Ile de France qui avait exprimé sa différence avec l’Ordre national sur l’aspect « obligatoire » de la formation, semble malheureusement se rallier à cette nouvelle cause nationale et multiplie les gages de bons et loyaux services. Il est le seul à avoir eu les moyens financiers de développer le « Pôle EVA » pour « Environnement, Ville et Architecture ». Ce pôle qui se présentait comme un service offert aux architectes pour répondre à un objectif technique, va-t-il devenir l’instrument d’une politique appréhendée avec raison par l’ensemble des architectes ?
Fin 2011, la mise en place par ce pôle d’un cycle ambitieux de formation sur un an avait failli buter, du fait de la crise, sur la défection d’une grande partie des 15 participants. (Chiffre en de ça duquel la tenue du cycle n’est pas viable financièrement). Cet incident montre bien que les architectes sont intéressés par la formation à la condition d’être accessible financièrement, et de répondre aux interrogations des participants dans un cadre de libre choix.
Le caractère obligatoire que veut imposer l’Ordre pour sélectionner les « bons » et les « mauvais » architectes doit être vigoureusement combattu.
Pour toutes ces raisons DPA demande au CNOA de ne pas rendre obligatoire la formation continue pour pouvoir exercer le métier d’architecte.
Eistein était considéré un cancre à l’école. Celà ne veut pas dire que personne n’y apprend rien d’utile. Mais celà pourrait suggérer que chacun a sa façon d’apprendre et qu’essayer de bourrer le crâne de connaissances par la force ne réussit pas à tout le monde.
Pour ma part je n’ai jamais aimé l’école et j’apprends beaucoup mieux sur le tas. Apparemment, c’est une approche devenue indésirable pour un architecte. Il faut rentrer dans le moule, concept d’autant plus bizarre que la profession d’architecte me semblait reposer sur la création intellectuelle qui fait plutôt appel à l’imagination, une qualité qui se développe très mal assis sur une banc d’école ou dans une salle de conférence.